lundi 6 octobre 2008

Position Newropeans - Politique de Voisinage de l’UE - « Stratégie Européenne de Stabilisation - Israel/Palestine » (2009-2024)

Ci-après une conclusion très concrète de la tournée de Franck Biancheri en Israël/Palestine en Nov. 2007 : un point majeur du programme de Newropeans...

Stratégie sur 20 ans afin de favoriser la coexistence paisible entre israéliens et palestiniens.

Il est désormais évident que le conflit israélo-palestinien ne sera pas réglé par les Etats-Unis. Par ailleurs, il est dorénavant tout aussi évident que pour l’Union européenne la stabilisation durable et pacifique de son voisinage est une priorité stratégique commune. A ce titre, Newropeans a entrepris d’élaborer une vision stratégique et opérationnelle d’un processus devant conduire à la fin du conflit ouvert entre Israéliens et Palestiniens. Ce document présente les grandes lignes de ce processus intitulé « Stratégie Européenne de Stabilisation pour Israël et la Palestine » (SES Israël-Palestine).

A l’image de l’ensemble de l’action de Newropeans, cette proposition s’inscrit dans une vision à 15/20 ans. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il est en effet tout à fait illusoire de pouvoir imaginer une évolution significative en-dehors d’une telle perspective temporelle. Les évolutions de mentalité requises des deux côtés pour pouvoir casser le cycle de violence ne sont possibles qu’à l’échelle d’une génération, à condition d’une action constante et cohérente étalée sur deux décennies au moins. C’est également le seul moyen de faire des Israéliens et des Palestiniens les moteurs centraux de ce processus, condition sine qua non de la pérennité de cette stabilisation.

Onze fondements pour la « Stratégie Européenne de Stabilisation - Israël/Palestine »

Pour fixer clairement l’ambition et les limites de la stratégie européenne de stabilisation pour Israël et Palestine que propose Newropeans, et donc pour contribuer à son succès, il est essentiel de présenter de manière transparente les fondements de cette SES. Ils sont au nombre de onze :

La paix n’est pas un objectif en soit, mais le résultat d’un processus visant à faire coexister sans violences des populations.

1. Un processus de co-existence a la capacité d’inclure de très nombreux acteurs qu’un processus de paix ne possède pas, accroissant la « masse critique » d’acteurs se détournant des actions violentes.
2. L’objectif de l’UE n’est pas de se substituer aux populations concernées, car seules ces dernières peuvent « faire la paix ». Et il n’y a pas de paix possibles entre peuples qui ne sont pas d’abord en paix avec eux-mêmes.
3. L’objectif de l’UE est de contribuer pro-activement à créer l’environnement éducatif, commercial, économique, culturel, scientifique, technologique et politique permettant une co-existence non violente durable.
4. L’objectif de l’UE est de proposer un calendrier crédible et opérationnel d’un processus de co-existence non violente étalé sur une génération (20 ans). La maîtrise du temps est en effet au coeur du succès de toute stratégie.
5. Les générations montantes, en Israël et en Palestine, sont le coeur de cible de la stratégie européenne de stabilisation pour Israël et Palestine., car elles sont les architectes du futur des deux pays.
6. L’UE, tout en respectant la souveraineté des entités politiques concernées, soutiendra les initiatives des sociétés civiles qui s’inscriront dans la logique de la SES.
7. L’UE, désormais le principal donateur d’aides diverses et/ou le principal partenaire économique et commercial d’Israël et de Palestine, entend utiliser cette situation pour servir la SES. Toute destruction de biens et services offerts par l’UE à Israël ou en Palestine sera facturée aux entités politiques responsables de la destruction sous une forme qui est une composante du SES lui-même.
8. La stabilisation non violente des relations entre Israéliens et Palestiniens ne passe pas nécessairement par le rapprochement direct des deux populations, mais exige absolument l’apprentissage de la co-existence avec des populations d’autres cultures, langues ou religions.
9. Le déplacement de populations, organisé de manière démocratique et pacifique, est un instrument envisageable s’il permet de supprimer des points de fixation de violence et de déterminer des frontières durables et consensuelles.
10. Les pays limitrophes d’Israël et de Palestine seront associés aux étapes de la SES afin d’ancrer le processus dans un environnement régional stabilisé.

C’est à partir de ces onze « piliers » que l’Union Européenne peut mettre en place une politique de stabilisation cohérente pour la relation israélo-palestinienne.

Comme pour toute stratégie de long terme, il est nécessaire de se concentrer sur les objectifs finaux (voir ci-dessus), sur les points essentiels et sur la méthode générale. Le reste appartient à la tactique et dépend donc des conditions du moment.

Sept objectifs opérationnels essentiels pour la « Stratégie Européenne de Stabilisation - Israël/Palestine »

Voici donc les sept objectifs opérationnels essentiels qui jalonnent la stratégie à 20 ans de l’UE dans la région, selon Newropeans :

A. Erasmus + Israël-Palestine : Participation des universités israéliennes et palestiniennes, de manière séparée, dans une extension ad hoc du programme Erasmus. L’objectif quantitatif est de parvenir à faire participer au moins 50.000 étudiants des deux pays à des séjours d’études d’un semestre au moins dans une université de l’UE ; tandis que dans le même temps 50.000 étudiants de l’UE seront allés faire un séjour d’études dans des universités israéliennes ou palestiniennes.

B. Bilinguisme scolaire : Soutien proactif à la mise en place dès l’enseignement primaire (soit à l’école, soit autour de l’école via des ONG) de cours d’Hébreu en Palestine et de cours d’Arabe en Israël.

C. Jérusalem, capitale d’aucun Etat pour 20 ans : Gel de l’utilisation de Jerusalem comme capitale de l’un ou l’autre Etat (ou des deux simultanément) pour la période de vingt ans de la SES. Soutien financier à l’installation et/ou au développement de deux capitales distincts, Ramallah et Tel Aviv. La question de Jérusalem capitale des deux Etats ne pourra être considérée par l’UE qu’une fois les objectifs généraux de la SES atteints.

D. Réorganisation territoriale : Soutien proactif à un programme de réorganisation territoriale des deux Etats destiné à assurer la contiguïté des zones habitées homogènes. L’UE soutiendra techniquement et financera un programme d’échanges de territoires entre Israël et Palestine destiné à supprimer l’enclave de Gaza et à permettre le retour des réfugiés en territoire palestinien. Le fondement de ce programme est un mécanisme de forte incitation financière à la relocalisation.

E. Soutien à la mobilité physique : Financement des études de faisabilité et co-financement de la réalisation d’un réseau de trains rapides selon deux axes, reliant d’une part Beyrouth au Caire, via Amman et Tel Aviv ; et d’autre part Bagdad via Damas.

F. Soutien à la mobilité légale intra-régionale : Soutien technique à la mise en place d’un espace de mobilité des biens et des personnes comprenant le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Palestine, Israël, l’Iraq et l’Egypte.

G. Soutien à la mobilité entre l’UE et Israël-Palestine : En fonction de l’évolution du SES, l’UE mettra progressivement en place un accord préférentiel de mobilité concernant ses ressortissants et ceux d’Israël et de Palestine.

Pour atteindre les objectifs de la SES, l’UE suivra une méthode adaptée à la longue durée de sa stratégie, c’est-à-dire, qu’elle s’appuiera, à chaque période, pour chaque projet, sur les acteurs partageant tout ou partie des objectifs de la SES. Ces acteurs pourront être publics ou privés, collectifs ou individuels, gouvernementaux ou non gouvernementaux. Le partenariat avec ces acteurs sera uniquement fondé sur leur soutien actif aux objectifs de la SES.

A la différence des stratégies mises en oeuvre jusqu’ici, et qui ont toutes échouées, il ne sera pas demandé aux acteurs concernés de faire des déclarations préalables de bonnes intention, ni de se soumettre à des opérations de relations publiques « politiquement correctes ». L’UE entend traiter avec des acteurs responsables et conscients de leurs intérêts ; pas avec des opérateurs sous tutelles, acceptant d’être infantilisés.

Hors de la région proprement dite, l’UE collaborera avec tout acteur partageant les objectifs de la SES.

En revanche, l’UE utilisera systématiquement les différents moyens légaux à sa disposition pour sanctionner ou s’opposer aux acteurs qui tenteront d’empêcher le succès de la SES Israël-Palestine.

En tant que premier mouvement politique d’envergure européenne, Newropeans engagera le processus de la SES Israël-Palestine dès son entrée au Parlement Européen.